Le choix des armes...

Imaginez : vous arrivez sur le spot, votre voiture chargée à bloc ; jugez plutôt:

  • 3 mâts : 430 IMCS 21 à 30% de carbone, 460 IMCS 25 à 60%C, 490 IMCS 29 à 90%C
  • 3 planches : une Bic Saxo 264 de 85l, une F2 Xanthos 310 de 150 litres, une Mistral Flow 284 de 110 litres
  • 5 voiles: 4.5, 5.0, 5.7, 6.7, 7.9 m²
  • 4 ailerons: 28, 32, 36, 40cm
  • 2 wishbones: un wish de 160-195, un wish 185-240
  • une rallonge de 30cm, un assortiment de pieds de mats, tire-veilles, et boutes de harnais

Le vent est modéré, sur l'eau vous découvrez une dizaine de planchistes, certains en planche de vague light-wind avec environ 6m² de surface, 5 sur des flotteurs Techno 273 et une voile de 6.8m² dont 2 scotchés, 1 au planing, 2 sur la plage ; 2 en Formula Windsurfing avec une voile de 8.2 et 9m²
Question : que gréez-vous ??

...


Bon OK, vous êtes perdus ? :-)
Reprenons tout depuis le début...

A la base, le choix du matos n'est pas une science exacte, c'est vous qui prendrez vos marques en faisant des essais. Sachez que le matos adapté se choisit en fonction de votre gabarit, de votre niveau, des conditions, et du type de navigation. Cela concerne :

En cas de besoin, vous pouvez vous référer au petit lexique sur ce site


Les différents types de planches

Il suffit de jeter un coup d'oeil à un catalogue de matos pour se rendre compte de l'extrême diversité des flotteurs. Comment s'y retrouver dans cette jungle ?

Un flotteur peut être schématiquement caractérisé par 2 paramètres : le programme et le volume ; le choix dépendra des éléments suivants:

  1. votre gabarit
  2. votre niveau
  3. le spot (sachant que certains spots ne vous sont accessibles qu'au delà d'un certain niveau !), qui conditionne le programme de la planche
  4. les conditions de vent : vent fort ou "lightwind", régularité du vent, orientation par rapport au spot

Pour résumer : le type de spot et la force du vent conditionnent le programme de la planche ; plus le vent est fort et votre niveau élevé, plus le volume doit être faible (votre poids, voire un peu moins dans le baston); dans des conditions de vent irrégulier, il est conseillé d'emporter un peu plus de volume.

Le programme

Les fabricants de planche proposent 5 types de programmes (et les déclinaisons intermédiaires, dans leur quête acharnée de la planche "polyvalente")

  • Planches de slalom : matériaux légers et rigides, shape assez étroit, fin et haut, rails prononcés, volume relativement important, adapté à un plan d'eau plat pour se "tirer la bourre" ; en poussant le concept à l'extrème, on trouve les guns de vitesse
  • Planches de freestyle : shape assez plat et large, volume réparti entre l'avant et l'arrière
  • Planche de vague : rails fins, arrière affiné pour plus de vivacité, scoope banané pour éviter l'enfournement
  • Planche de race / formula : la planche à haute performance favorisant le départ rapide au planing, la tenue des déventes : volume assez important, grande largeur à l'arrière pour favoriser le planing lightwind, aileron énorme et straps très excentrés pour remonter au vent
  • Planche de freeride : la planche "tout terrain", permet de naviguer sur du plat comme dans le clapot, voire dans les petites vagues. Le volume est plutôt reculé sous le pied de mât et l'arrière, pour faciliter les manoeuvres ; les planches récentes sont relativement larges et de plus en plus courtes (à quand les planches plus larges que longues?)

Le volume

A l'attention des débutants, on considère généralement que pour pouvoir relever la voile au tire-veille les pieds au sec, le volume minimal est donné par la formule suivante:

[volume] > [votre poids] + 15kg

... à pondérer selon que vous êtes en eau douce ou en eau salée (meilleure portance), le poids de la combi, de la planche ou du grément.
La répartition du volume joue également un rôle fondamental sur la stabilité de la planche à l'arrêt. Si vous débutez, choisissez une planche plutôt large avec un volume réparti de façon relativement homogène entre le pied de mât et l'arrière

Quand vous avez passé le cap du waterstart et que vous commencez à naviguer dans la mer formée, le volume recommandé à partir de 6-7 beaufort est environ égal à (votre poids + 5l). Si les conditions de vent sont irrégulières, une quinzaine de litres supplémentaires vous permettront de naviguer plus confortable (moins de perte de planing)

Le volume et le shape d'un flotteur conditionnent généralement sa vitesse maximale (trainée), et la force de vent jusqu'auquel il est utilisable ; au-delà le flotteur tape le clapot, devient volage, le vent s'engoufre dessous, etc. Pour une personne de niveau et de gabarit moyen, une planche de 150l permet de planer à partir de 3 beaufort et est utilisable jusqu'à 5 beaufort, une planche de 100l jusqu'à 7 beaufort sur une mer pas trop formée ; au delà, point de salut hors des planches de vague et un très bon niveau. Une fois de plus, les plages d'utilisation varieront en fonction de votre niveau et de votre gabarit.

L'adéquation voile/flotteur a également son importante ; la taille maximale de voile admissible dépend du volume du flotteur, mais surtout de la répartition de celui-ci, la voile agissant naturellement davantage au niveau du pied de mât. Les paramètres sont propres à chaque planche et peuvent varier de près de 1m² selon le shape, à volume comparable.
A titre indicatif on peut retenir pour un flotteur freeride Veloce298 de 135l : 8m² maxi ; pour un flotteur Veloce278 de 100l est de 6,5m² maxi ; Veloce288/120l:7,3m²; Techno 283/150l : 9,3m² ; Techno 273/125l : 8m²


Le grément

Les voiles

Il existe différents types de voiles, fonction des contraintes de navigation

  • voiles de vagues en monofilm tramé, renforcé pour supporter le passage en lessiveuse lors de vos inévitables chutes sous la lèvre ; elles existent en petites et moyennes surfaces (de 3 à 6m²)
  • voiles freeride sans camber, faciles à sortir de l'eau ; surfaces moyennes (5 à 7.5m²)
  • voiles de course, de grande taille en matériau léger, généralement équipées de 3 à 5 cambers pour stabiliser le profil dans les déventes, dotées d'une bordure imposante qu'on peut poser sur le pont de la planche ; les surfaces sont de taille importante pour planer tôt (jusqu'à 12m²!)

La tendance actuelle est aux shapes élancés avec une tête de mât large qui ouvre dans les surventes en assurant un rôle de soupape, et des fourreaux de mâts étroits, plus faciles à sortir de l'eau, mais moins faciles à gréer. Finies les voiles triangulaires en mylar qui font fumer les bras...

Le choix de la taille de la voile dépend directement de la force du vent, ainsi que de votre poids. La force du vent peut être déterminée par un anémomètre, mais gardez à l'esprit la vitesse relevée sur la plage n'a souvent rien à voir avec la vitesse du vent au large (souvent 1 à 2 beaufort d'écart).
On peut également utiliser l'échelle de Beaufort ; elle est cependant délicate à utiliser car l'état de la mer sur le bord varie selon le spot et l'orientation du vent.
La meilleure des méthodes reste encore à repérer la taille que mettent les autres, et de pondérer en fonction de leur allure (planning constant ou épisodique, surtoilé ou pas) de leur niveau, de leur poids et de la façon dont il ont réglé leur voile (creuse, très étarquée à l'amure...).
Nous voilà bien avancés !! Surtout si on arrive le premier sur le plan d'eau !

A titre indicatif, pour un niveau débrouillé et un poids de 85kg, je choisis les surfaces suivantes :

  • 3 à 4 beaufort en lac, irrégulier : 7 à 8m², bien étarqué à l'amure
  • 4 beaufort en mer : 6.7
  • 5 beaufort en mer : 5.7
  • 6 beaufort : 5.0
  • 7 beaufort : 4.5

En projet, un petit calculateur pour vous aider à choisir votre surface...

Bon à savoir : à conditions de vent équivalentes, on choisira généralement une surface plus petite pour un flotteur volumineux que pour un "sinker". En effet le premier passera bien les molles mais se révélera très physique à tenir en conditions surtoilé, tandis que le second perdra le planing à la moindre dévente.

Enfin, notez qu'il est toujours possible de jouer sur les réglages pour "tenir" une voile plus longtemps (si le vent monte) :

  • étarquer à l'amure (pied de mât) dans le baston pour faire ouvrir la chute et donc diminuer artificiellement la surface portante de la voile
  • étarquer à l'écoute (bout du wishbone) pour applatir sa voile (diminuer le creux) et donc diminuer la puissance

Il ne faut pas abuser de ces réglages, car ils diminuent les sensations en navigation.
Une voile trop grande "étarquée à mort" devient vite lourde et encombrante, et génère une trainée importante, qui fait saturer en vitesse.
Une voile trop plate n'a plus de puissance et "décroche" plus facilement, sans qu'on sente vraiment la force dans la voile.
Conclusion : si vous êtes vraiment surtoilé, retournez au bord et grééz plus petit !

Le mât

Le mât est la colonne vertébrale du grément et doit être adapté à la voile pour lui permettre d'exprimer tout son rendement. Les caractéristiques d'un mât sont les suivantes:

  • la longueur, à choisir en fonction du guindant de la voile
  • le diamètre, qui doit être fin pour certains types de voiles à fourreau étroit ; il existe notamment des mats "RDM" de section plus étroite et plus faciles à enfiler
  • la rigidité (IMCS) qui définit la courbure du mât une fois gréé, celle ci devant épouser le fourreau de la voile
  • le pourcentage de carbone qui influt sur le "temps de réponse" du mât en flexion : plus il y a de carbone, plus le mât est "nerveux" et revient rapidement dans sa position ; inconvénient: il est beaucoup plus cher et plus fragile, notamment aux chocs (donc, housse obligatoire pour le transport)

On choisit généralement le pourcentage de carbone en fonction du type de navigation :

  • en vague, les risques de casse font choisir un faible pourcentage de carbone, l'addition sera moins salée :-)
  • en freeride on utilisera avantageusement un mât à 30%C ou plus, plus léger qu'un mât époxy, donc plus de confort
  • en race, la nervosité du grément est primordiale notamment pour le pompage, et les quelques grammes économisés sur les grandes tailles font opter pour un mât 100% carbone

La rigidité du mât est mesuré en IMCS ; chose bizarre, cet indice dépend de la longueur : un mât 430cm IMCS 21 aura la "même" rigidité qu'un mât 460cm IMCS 25 ou un 490cm IMCS 28.

Pour adapter le mât au guindant de la voile, on joue artificiellement sur sa longueur:

  • si le mât est trop long, on rallonge la tétière de la voile pour obtenir un guindant plus court (toutefois la tendance est à la disparition des tétières sur les voiles de grandes taille ou récentes)
  • si le mât est trop court, on utilise une rallonge de pied de mât

Il faut généralement éviter d'avoir une tétière de plus de 20cm, ou une rallonge de plus de 30cm, car cela influe sur la courbure du mât ce qui dégrade significativement les performances de la voile. On préférera utiliser un mât plus court ou plus long mieux adapté à la voile.
A noter que les voiles modernes, notamment celles sans cambers, nécessitent d'avoir LE mât adapté pour donner le maximum de leurs performances. Au delà de l'argument marketing (= vous faire acheter 1 mât pour chaque voile), le mât doit avoir le bon diamètre (fourreau très étroit), la bonne rigidité en "constant curve" (faute de quoi les lattes viennent frotter sur le mât et "passent" mal) et la bonne longueur (pas trop de rallonge, sinon cela influe sur la courbure du mât et donc -encore- sur la position des lattes).

Le wishbone

Le paramètre fondamental du wishbone est sa rigidité pour la longueur correspondante, qui sera adaptée à la voile. C'est pourquoi il est déconseillé d'utiliser son wishbone en extension maximale, faute de quoi on se retrouve avec du chewing-gum, et la voile a un rendement médiocre.
Le rôle fondamental du wishbone est de maintenir le profil de la voile ; il permet de régler finement le creux de la voile par la tension d'écoute. Le réglage va dépendre du type de voile ; plus de détails au chapitre "réglages".


L'aileron

Cet élément est extrêmement important, c'est lui qui va déterminer la glisse, la remontée au vent, la vitesse de pointe, et le confort de navigation. Rien que ça ! Si ça vous étonne, rappelez vous que c'est la seule partie qui se trouvera sous l'eau quand vous serez au planing !

La fonction première de l'aileron est de fournir la force anti-dérive opposée à la poussée vélique pour vous permettre de naviguer travers au vent (ou remonter au vent) ; ainsi la taille et la forme de l'aileron vont dépendre de la taille de la voile, et du type de navigation:

  • aileron droit et profond, meilleur pour caper en race/slalom,
  • aileron droit et court pour la vitesse,
  • aileron semi-courbe polyvalent en freeride,
  • aileron courbe pour la vague, plus tolérant au spin-out et aux mousses, plus de maniabilité, moins de vitesse de pointe, la planche est plus "collée" à l'eau
  • aileron anti-algues, avec un bord d'attaque très incliné ("couché" sur l'arrière) pour éviter de ramasser les algues flottant à la surface des étangs, source de perte de vitesse et de spin-out

La dimension de l'aileron (longueur et surface) dépend de la taille de la voile utilisée, mais également de la planche, et notamment de sa largeur au niveau du strap arrière. Ainsi une planche de formula, extrêmement large, pourra accepter des ailerons de plus de 60cm, alors qu'une planche de vague ira très rarement au-delà de 26-28cm.
Sur un même flotteur, on choisira plutôt un aileron petit pour naviguer en "glisse", avec finesse, au risque de s'exposer au spin-out si on appuie trop sur le pied arrière, tandis qu'un aileron plus grand sera nécessaire pour naviguer "physique" ou surtoilé, pour favoriser le cap et la remontée au vent.
Voici un lien intéressant pour bien choisir son aileron (à titre indicatif).

Il est également utile de visiter les sites des fabricants d'aileron : Fin's, Select Deboichet Maui Fin ...

Vous avez choisi votre taille ? Avant de passer en caisse, faites attention à votre boitier d'aileron : il existe plusieurs standards, adaptés à différentes tailles d'ailerons

Trimbox : le standard utilisé essentiellement par Bic & Tiga il présente l'avantage de permettre le réglage de la position avant/arrière de l'aileron dans le boitier en déplacant les pions de calage ; le socle de l'aileron dispose d'un "doigt" qui vient se glisser sous le pion avant, et d'une vis
Powerbox : le standard concurrent de Mistral & F2, présent sur la plupart des planches freeride ; boitier conique avec serrage par une vis unique
Tuttle : boitier conique fixe, utilisé sur les planches freeride/race, l'aileron est fixé au moyen de 2 vis ; une version "deep tuttle" existe pour les planches nécessitant les très longs ailerons (70cm)
US Box : boitier à rail dans lequel coulisse un écrou carré, utilisé sur la plupart des planches de vague, dont l'arrière est trop fin pour y loger un boitier profond ; on engage l'avant de l'aileron dans le rail et on serre avec l'écrou carré. Sa résistance mécanique limitée interdit d'employer des grands ailerons

Voir ce lien pour des images...