Waterstart

Le waterstart une manoeuvre fondamentale du funboard, qui change la vie de tout funboarder qui commence à la maîtriser. En effet, inutile d'envisager de sortir en mer par 20 noeuds en comptant relever la voile au tire-veille, en s'allongeant les bras avec cette *%$£µ&?§ voile qui colle à l'eau, en s'arrachant les mains sur le tire-veille élastique en nylon, en se faisant désarçonner par la houle au moment d'équilibre précaire où la voile est enfin sortie de l'eau, et j'en passe.
Mis à part les débuts, le waterstart permet de partir au planing rapidement, sans fatique, pour peu qu'il y ait assez de vent.

Pour un apprentissage sans galère, la première étape est de bien choisir son matos et les conditions :

  • une planche avec suffisamment de volume pour sa stabilité et limiter la tendance à lofer, pas trop grosse pour rester maniable dans l'eau et ne pas trop galérer pour la positionner ; les planches récentes de funboard d'environ 140litres conviennent parfaitement ; ensuite une fois qu'on maitrise sur ces planches faciles, il faut passer rapidement à des flotteurs plus courts, pour apprendre à empêcher la planche de lofer
  • une voile pas trop grande (5.5 à 6.0), avec un wishbone réglé bas au début, ce qui permet de redresser plus facilement la voile ; on préférera les voiles sans camber, plus faciles à sortir de l'eau ; on proscrira les voiles au fourreau large qui se remplit d'eau
  • un vent suffisant pour apprendre, pas trop fort pour ne pas se faire catapulter : 4 à 5 beaufort
  • un plan d'eau plutot plat (peu de houle), où on a pied assez loin, mais suffisament d'eau (au niveau des épaules)

L'apprentissage commence assis sur la plage, en regardant comment font les autres, et notamment comment ils manipulent le matos dans l'eau, et quelle position ils adoptent au moment de monter sur la planche : bras tendus, voile droite, corps déhanchés. Vous avez tout bien en tête ? Alors à l'eau !
L'idéal est de commencer une fois le beach start parfaitement maîtrisé, et de pratiquer progressivement le beach start dans de l'eau de plus en plus profonde. Amusez-vous longtemps au bord, car vous retrouver au large dans la houle et le vent fort à vous battre avec votre waterstart vous promet de grosses galères.

Le Waterstart en 4 étapes

  1. se positionner par rapport au vent
  2. au début, on ne s'occupe pas du flotteur, on cherche à sortir la voile de l'eau, en allant au plus facile
  3. ensuite voile sortie de l'eau on cherche à orienter le matos (la voile d'abord, puis la planche) pour partir dans la direction voulue
  4. enfin, l'ascension proprement dite, qui commence en posant le pied arrière et en redressant la voile
  5. c'est parti, il reste à partir directement au planning

Etape 0: d'où vient le vent ?

Ca peut paraître idiot, mais réflechir un peu et chercher d'où vient le vent vous facilite grandement la tâche ; c'est quand même lui qui fait le gros du boulot, alors assurez vous d'en faire votre allié !
Evidemment selon les conditions, le temps de la réflexion est parfois limité, par exemple si une vague de 4m s'apprête à vous déferler dessus ; mais alors notre question à l'étape 0 serait plutôt : "qu'est ce que je fous là?" Et je vous renvoie au § précédent: choix des conditions adaptées aux débutants !

Etape 1: sortir la voile de l'eau

L'idéal est de s'entraîner près du bord (eau au niveau des cuisses) à sortir la voile de l'eau avec le minimum d'effort dans toutes les configurations possibles. Ensuite on peut commencer à s'immerger un peu plus (eau aux épaules, pour se sentir en sécurité) ; pas la peine de tricher en utilisant les pieds au fond pour pousser la voile, mieux vaut s'allonger dans l'eau pour bien apprendre à manoeuvrer la voile.

Il est bon de bien maîtriser les exercices suivants, qui vous permettront de vous sortir de quasiment toutes les situations.

  1. tête de mât au vent, flotteur sous le vent, soulever la tête de mât pour que le vent soulève le haut de voile, puis avancer en nageant le long du mât en tirant celui-ci vers l'arrière, tout en l'orientant progressivement travers au vent
  2. voile dans l'eau, commencer par orienter le mât travers au vent/wishbone sous le vent en nageant, et en poussant sur le mât : une main au dessus du wish, l'autre dessous ; l'une tire, l'autre pousse. Saisir le mat au dessus du wish et nager contre le vent pour mettre la voile bien à plat à la surface, puis soulever delicatement le mât tout en nageant toujours vers le vent pour que celui-ci s'engouffre ; une fois la voile décollée, l'amener au dessus de la tête. Attention à ne pas soulever trop vite le mât, sinon l'écoute se plante dans l'eau et la voile coule à la verticale ou se retourne dans le mauvais sens, et on repart pour un tour...
  3. voile à plat sur l'eau dans le mauvais sens : mât sous le vent, écoute au vent ; on soulève délicatement l'écoute : le vent prend la voile et la fait tourner autour du mat, on se retrouve dans le cas précédent. Il se peut que le flotteur se retourne dans l'opération, ou que la voile coule dans l'eau
  4. une fois le mât travers au vent, on peut amener l'arrière du flotteur contre la poignée de wishbone, pour poser celui-ci sur le flotteur pour soulever la voile de l'eau, sous réserve que le wishbone soit suffisament bas. Ce "truc" peut aussi être utilisé comme position de repos: flotteur au travers, voile posée sur l'arrière.
  5. si vous avez des cambers, commencez par les faire passer dans le bon sens avant de sortir la voile de l'eau : cela évacue l'eau du dessus de la voile, et le profil gonflé vous aidera à lever la voile une fois celle-ci extraite de l'eau

La voile est sortie : on la maintient hors de l'eau en tenant le mat, main avant au dessus du wish, et en bordant doucement avec l'autre main sur le wish (avec 2 doigts) pour laisser la voile "posée" sur le lit du vent.

Etape 2: orienter le matos

A nouveau, quelques petits exercices dans l'eau au bord, avec suffisamment d'eau pour avoir juste pied, s'imposent : l'objectif est de doser la traction dans la voile pour agir sur le pied de mat, ce qui provoque la rotation du flotteur autour de l'aileron. Si le bonhomme nage dans un sens ou dans l'autre, on arrive à orienter le flotteur dans n'importe quelle position tout en maintenant la voile en position hors de l'eau.

Une fois ce petit exercice maîtrisé, on commence par placer la voile sur la bonne amure ; si elle est dans le mauvais sens : voile hors de l'eau, on borde un peu plus fort de la main arrière, ce qui appuie sur le pied de mat et commence à faire tourner la planche vers le largue, on nage un peu dans le sens du vent en se faisant tracter par la voile bordée jusqu'au vent arrière, et quand la traction devient forte on la laisse empanner pour la reprendre dans l'autre sens, une sorte de jibe en body drag, quoi !

Ensuite on s'occupe du flotteur : nager autour de l'aileron en maintenant la voile bien orientée par rapport au vent ; on peut aussi s'aider de la force de la voile sur le pied de mat en bordant plus ou moins, pour faire tourner le flotteur autour de l'aileron. Orienter le flotteur au travers, voire légèrement au largue, ce qui a pour effet de nous rapprocher de l'arrière de la planche.

Etape 3: l'ascension

  1. Poser le talon du pied arrière sur le flotteur, juste devant le strap arrière, mettre les 2 mains sur le wishbone, main arrière un peu reculée
  2. Ramener l'arrière du flotteur sous les fesses en pliant la jambe, comme pour monter une marche haute. En même temps, redresser la voile bras tendus, en dosant bien la puissance dans la voile en bordant/choquant, tout en maintenant une pression plus importante sur la main avant (sans plier les bras) pour maintenir le flotteur au travers/largue tout au long de la manoeuvre.
    Pas facile d'expliquer comment mettre plus de poids sur l'avant en maintenant les bras tendus ; je dirais en se déhanchant un peu vers l'avant
  3. une petite traction sur le wishbone en bordant, assistée d'un petit pédalage du pied avant si besoin, permet de sortir le corps de l'eau et de poser le pied avant près du pied de mât
  4. ouvrir un peu la voile, qui a été un peu surbordée dans la manoeuvre
  5. doser la position sur le flotteur : en cas de baston, rester groupé sur l'arrière pour ne pas se faire arracher, voire placer les pieds directement dans les straps avant de sortir de l'eau ; dans le petit temps, tendre la jambe avant, ouvrir la voile et la basculer sur l'avant pour partir au planing.

Etape 4: whouaouh !!