Essaouira / Maroc - Aout 2006

Situation

Située sur la cote atlantique 200km à l'Ouest de Marrakech, entre Safi et Agadir et au pied du Grand Atlas, Essaouira est bâtie sur une presqu'île rocheuse baignée par l'océan en bord d'une grande baie, fermée au large par l'île de Mogador. Entourée de collines, de forêts et de dunes, elle est dotée d'un microclimat tempéré même en été, et grace auquel la région est dotée d'une végétation forestière luxuriante d'eucalyptus, de thuyas, d’arganiers ; ces derniers font office de perchoir pour les chèvres qui vont s'y restaurer de leur mets favori, image pittoresque au possible.

Au sud de la ville l'Oued qui se jette dans la baie sépare l’ancienne ville du village Diabet, qui abrita dans les années 70 une communauté hippie ; on trouve encore çà et là des "traces" de ce passé psychédélique, notamment la musique des Gnaoua.

Autrefois, Mogador était un comptoir phénicien puis romain, escale maritime sur la route de l'équateur et gisement du fameux mollusque pourpre, avant de devenir une colonie portugaise au Moyen-Age. Aujourd'hui la ville des alizés ("La ville du vent" selon Bertignac) est une petite ville côtière paisible, dotée d'un port de pêche très animé et coloré.
Classée au patrimoine mondial par l’UNESCO, la Medina fortifiée du XVIIIe siècle, renferme de nombreux monuments historiques, dont la Skala portugaise en front de mer, avec son esplanade circulaire et ses canons braqués vers l’océan, et de nombreux Riads cachés au détour de ruelles improbables, conservés en l’état ou transformées en musées ou en hôtels.

La région dispose d'un artisanat riche et varié, témoin du métissage culturel d'influences arabes, berbères et juives: orfèvrerie, marqueterie et ébénisterie de thuya, tapis, huile d'argane, pêche. On y trouve aussi poteries et faiences, qui proviennent généralement de Safi. Sous l'impulsion du nouveau roi, son site balnéaire exceptionnel lui vaut une forte expansion du tourisme, avec des projets immobiliers à donner le tournis. Pourtant, malgré l'animation touristique estivale cosmopolite qui bat son plein du 14 juillet au 15 aout, il y règne une ambiance très agréable et authentique, la population locale étant encore prépondérante. Espérons que cela dure quelques années encore...

Le voyage

Nous avions réservé notre voyage par Spots d'Evasion, un peu à la dernière minute. La charmante Sophie s'est démenée pour nous trouver des dates de disponibilité hébergement / vols compatibles avec nos contraintes, et nous avons donc arrêté les dates du 13 au 21 aout. Nous sommes arrivés le dimanche via un vol régulier direct Royal Air Maroc à l'aéroport d'Essaouira. Même si ce dernier, très récent, manque manifestement encore d'équipements, cela représente un confort appréciable par rapport à l'épopée que nous avions connus en 1998, avec atterrissage à Marrakech et 3h de route en minibus à travers le désert rocailleux. Standing UCPA oblige

Par contre, étant un aéroport de province, avec un trafic aérien réduit à 1 avion par jour, les moyens de transports pour rallier la ville sont très limités. Amis voyageurs, pensez à réserver votre transfert, ou jouez des coudes pour passer devant tout le monde au contrôle des passeports, pour attraper l'un des quelques taxis en faction aux arrivées. En effet bon derniers, nous avons du patienter 30 minutes à la sortie de l'aéroport qu'un taxi daigne venir d'Essaouira nous chercher, car tous les taxis venus déposer les voyageurs en partance avaient trouvé preneur pour retourner en ville. Je ne vous raconte pas la négo sur le montant de la course, un bon entraînement pour le marchandage du souk.

Nous étions hébergés à l'hôtel Dar Loussia, un Riad rénové et converti en hôtel 6 mois plus tôt, situé dans la médina près des remparts et du port. Très sympa coté accueil, déco et restauration (bien qu'un peu cher), mais un peu bruyant. Il faut dire que l'architecture Riad génère des résonances amplifiant le moindre bruit, et que la proximité immédiate du port nous vaut des concerts de chants de mouettes dès les premières lueurs du jour (5h du mat'!).
La médina est très sympa et assez authentique, malgré une foule envahissante en fin de journée. Chouette vue des remparts de la Skala sur la mer déchainée. Senteur et saveurs du souk aux épices.
Coté animation, on peut trouver en saison de la musique un peu partout ; l'hotel avait une formation jazz fusion et plusieurs bars ont des groupes qui viennent jouer tous les soirs. On a eu la chance d'avoir un festival de jeunes talents Gnaoua pendant 3 jours du 18 au 20. Concerts tous les soirs sur la grande place. Ambiance très sympa.
La cuisine marocaine est succulente, on est souvent bluffé de découvrir comment un plat si simple peut avoir de telles saveurs. Attention à la ligne tout de même car la nourriture est très riche. Ne manquez pas les tagines de poisson ou les pastillas aux fruits de mer. La nourriture semble généralement assez safe ; je me suis même laissé tenter par des salades, sans aucun problème... C'était moins le cas il y a 8 ans ! Les restos sont généralement bons mais aux rapports qualités-prix inégaux. En effet, de plus en plus de restos jouent sur l'ambiance et le cadre pour facturer cher une nourriture sans grande originalité. Parmi les bonnes adresses on citera le Sirocco, La Licorne, les Alizés. Par contre pensez à réserver pour le soir en saison, car les restos sont souvent complets. Le port est aussi un bon plan pour déguster des poissons grillés à peu de frais. Pour le midi, le resto près du club, qui paye pas de mine, est très correct et à prix doux.

Le spot

Coté plage, Essaouira est une grande baie bordée par la digue du port d'un coté, le Cap Sim de l'autre, et l'Ile de Mogador en face. La Partie sud de la baie reçoit un bon swell Atlantique tandis que la partie droite de la baie est protégée par l'ile et la digue.. De la droite vers la gauche on trouve donc les spots de Windsurf (entre le club Fanatic et le Club Mistral), de Kitesurf (à partir du club Mistral), puis de surf. La plage est très propre, les pouvoirs publics font de gros efforts pour la maintenir en état malgré la fréquentation.

A ma grande surprise l'UCPA existe toujours là bas. Leur centre est accolé au centre Fanatic où j'ai loué mon matos. Ce dernier est plutôt bien achalandé avec du personnel assez sympathique. Une quarantaine de flotteurs et paradoxalement assez peu de voiles, surtout dans les grandes tailles. Le centre est situé en bordure de plage, et il faut donc porter le matos sur une centaine de mètres pour atteindre l'eau, manoeuvre délicate s'il en est vu la surpopulation de plagistes à cette période de l'année, Essaouira étant devenu le Saint Trop' marocain. Toujours une grosse crainte d'éborgner quelqu'un avec le mât à la moindre rafale, d'autant que les Marocains ne prêtent pas trop attention à ces albatros en néoprène ("Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule" comme disait le poête)
Heureusement, le quad du centre permet d'emporter les flotteurs au bord de l'eau ; c'est déjà ca. Il y a d'autres spots, assez éloigné et vague radicale, notamment Sidi Kaouki au Sud et Moulay Bouzerktoune au Nord ; des excursions sont possibles avec le matos de location, mais pas d'assurance casse. Aie...

Il fait généralement bon toute l'année ; en août la température ne dépasse pas 30°C même en cas de pétole, ça tourne en général vers 25°C, prévoir une petite laine pour le soir ; l'eau est fraiche, shorty de rigueur, l'intégrale manches courtes est l'uniforme le plus utilisé. Le plan d'eau est assez plat, mais en poussant au large, on peut aller tâter le swell entre la digue et Mogador. Le vent souffle généralement du Nord, et on navigue side-offshore tribord ; il est généralement faible le matin, se renforce vers 13h et peut atteindre 6 beaufort vers 16h. Il est généralement très perturbé au bord et on alterne les déventes et les zones de vent très fort et turbulent. La situation s'améliore vers le sud de la baie, une centaine de mètres sous le vent. A noter aussi un courant qui peut être assez fort et rend le plan d'eau assez technique selon la marée. Plus au large, c'est le mélange du clapot et de la houle qui vous vaudra quelques difficultés. Sans parler des chalutiers qui rentrent au port en fin de journée, poursuivi par des hordes de mouettes qui pourraient avoir raison des panneaux de votre voile...
A ce sujet le centre Magic Fun / Fanatic fait des réparations, si le swell a eu raison de votre voile. On trouve aussi 2 surf shop dans la médina : No Work Team et Gipsy Surfer, plutot équipés habillement / harnais / surf que windsurf.

Navigation

Voilà pour les généralités. Maintenant le compte rendu de la semaine :

Dimanche 13 : arrivée à Essaouira-plage en fin d'après-midi ; checkup du spot et première prise de contact avec le personnel du centre, le vent souffle un petit 7 nouds, peu de monde à l'eau.

Lundi 14 : première journée dérouillage : vent variable faible, annoncé à 10 nouds dans la journée ; je suis sorti avec une planche XXX 125l et 6.9 ; un bord au planing, grosses difficultés à faire partir la planche ou a tenir le planing ; vent trop light. Qui plus est je suis archi nul dans mes transitions. Ca promet.

Mardi 15 : seconde journée musculation : le vent est légèrement plus fort que la veille, et je réussis à mettre la main sur une des deux 7.2. Toujours en 125l, je suis maso. J'ai encore du mal à planer avec cette planche ; le vent est limite et la planche perd le planing trop facilement ; sans doute mes appuis ne sont pas bons. Il faut dire que les boutes de harnais sont un peu courts, et que le soleil en contrejour empêche de bien lire le plan d' eau pour anticiper les déventes.

Mercredi 16 : troisième journée de vent light ; cette fois j'opte pour 7.2 et du volume (145L) ; bien m'en a pris, car j'ai navigué une bonne heure calé aux petits oignons. Dans l'après-midi la voile commence à tirer fort et la planche à bien taper le clapot. Le vent est manifestement monté d'un cran, mais je tiens bon jusqu'à la fin de session, même si mes chevilles trinquent pas mal et que ce satané aileron de 48 finira par m'entailler le mollet sur 6cm.

Jeudi 17 : après une nuit ponctuée de réveils intempestifs de cris de mouettes ('vais me taper une pastilla à la mouette moi !!) on constate pétole, vent de Nord faible, mais une bonne houle semble rentrer ; je troque donc mon matos contre une planche de surf et me dirige vers le Cap Sim ; première mise à l'eau, je prends quelques petites vagues, sans prétention. Puis je descends un peu plus, pour chasser des vagues un peu plus consistantes. Là les vagues font 1,5m à 2m, mais je mange copieux pendant 45 minutes sans jamais pouvoir passer la barre. Un petit break sur la plage pour finalement constater que la section sature et ferme, et je me replie vers une zone moins agitée. Mais la fatigue physique couplée à une nuit peu reposante m'empêche visiblement de passer le pied arrière sur la planche, et je prends une dizaine de vagues en position « Allah o Akbar »

Vendredi 18 : pétole complète ; le vent est mal orienté, venant de mer ; repos car on est sensé avoir de l'air le lendemain ; on en profite pour se balader dans la médina et le souk, et faire quelques emplettes.

Samedi 19 : enfin le Cherki se décide à pointer le bout de son nez ; tout le monde est sur les charbons ardents, surtout ceux qui n'ont pas vu un 4 beaufort depuis le 4 aout !! Enfin je peux envisager de prendre la planche que j'ai réservée, une freewave 96l ; sur les conseil du boss, je prends une voile Combat 5.2 et me voilà parti. Au bout de 2 heures à m'escrimer à lancer la planche au planing, à rater les footstraps, à cafouiller mes appuis faisant louvoyer la planche en perdant l'accélération, à lutter contre les déventes en jouant le funambule et à mariner pour repartir au waterstart, je me retrouve au milieu des kitesurf, après avoir dérivé à 200m sous le vent du centre. Je me fais insulter, et suis bon pour remonter à pied.

Les conditions sont très techniques, les déventes à 7 noeuds alternent avec les adonnantes/refusantes à 30 noeuds, pour un vent moyen aux alentours de 15-20 noeuds. Manifestement pas assez pour ma taille de voile, même si nombre de mes congénères à la morphologie similaire ont l'air au poil avec 5.4. Ca énerve...

Aveuglé par la frustration, je m'obstine, pas le courage de remonter changer d'équipement, priant pour que le vent monte d'un cran et se stabilise un peu. Peine perdue et je rentre dépité, fourbu vers 17h30, avec 3 malheureux bords de planing à mon actif, avec l'impression amère de ne rien comprendre au spot, au vent, au matériel, à mes problèmes techniques et à la vie en général.

Dimanche 20 : ca s'annonce encore plus fort que la veille ; après une excursion chou-blanc en bus local vers la coopérative d'huile d'argan de Tidzi, je rejoins le centre vers 13h. Le vent souffle déjà fort ; analysant mes déboires de la veille, j'opte pour du volume et je pars avec une XXX 105l et une Solo 5m. Encore une nouvelle planche, je galère un moment pour trouver le strap arrière, je me tords les orteils plusieurs fois. C'est encore un peu limite pour le départ au planning, mais je suis surtoilé dans les rafales et les surventes. Damned! Par ailleurs ça tape fort dans le clapot et la houle au large. J'étarque la voile mais celle-ci n'est visiblement pas taillée pour le vent irrégulier. Après une heure de ce régime physique, et comme le vent est monté un peu, je remonte donc cette fois reprendre la 96l, en prenant une voile de vagues Zone 4.7. Et enfin je me sens bien : j'ai mieux pigé comment partir au planing, plus de facilité pour chausser les straps (même si la planche reste volage), je passe le clapot sans rien sentir, je passe presque bien les molles en limite planing, ça tourne tout seul en amorce de jibe (je n'en ai quand même pas bouclé un !!) et j'ai poussé le luxe jusqu'à m'offrir mon premier surf, quoiqu'un peu trop mordu au bottom-turn (et un wipe out en fin de parcours.). En fin de journée le vent baisse progressivement en conservant quelques dernières rafales salutaires, et je finis la session à la nage, dans l' impossibilité de repartir au waterstart ; mais je remonte le matos avec la banane.

Lundi 21: pétole, retour à l'aéroport vers 14h. Pas de regret.

Conclusion : ces *%?$£!)&# de XXX ne sont définitivement pas des planches pour moi, la freewave est bien la planche qu'il me faut, même si je ne suis pas habitué à des planches aussi agiles & manoeuvrantes ; enfin dans ces conditions irrégulières et techniques et avec ce type de planche, il vaut vraiment mieux être un peu surtoilé que sous-toilé.